E3 2016 – Sony brise l’union sacrée

U4 coin

Sony s’avance en vainqueur lors de cet E3 2016. Non seulement l’absence de la NX et la relative faiblesse de Microsoft lui laissent le champ libre, mais le constructeur peut se targuer de résultats économiques toujours plus excellents. Son résultat consolidé a plus que doublé, et est maintenant positif.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas par ses bonnes ventes que Sony brille cette année : le chiffre d’affaires a légèrement baissé sur l’exercice. Par contre, à l’instar de son rival Kyotoïte, la géant de l’électronique a mis le paquet sur les économies. Les coûts de production baissent de 2%, les dépenses administratives de 6% et les autres dépenses de 72% (montant beaucoup plus petit, cela dit). Cela se voit dans plusieurs lignes de produits (téléphonie, télévision, photographie) qui voient leur rentabilité boostée par la réductions des coûts. Seule ombre au tableau, les semi-conducteurs se portent mal et plongent dans le rouge. Les batteries et autres pièces ne sont plus compétitives, appelant à des dépréciations.

La division jeu garde le sourire : le résultat d’exploitation de la branche a quasiment doublé, porté par les ventes grandissantes de PS4 et de ses jeux. Sony comptait vendre 16 millions de PS4, il en a vendu 17,7 millions. Clairement, les partenariats d’exception négociés en 2015 ont porté leur fruits et les jeux AAA ont systématiquement favorisé la console de Sony partout dans le monde. Les top des ventes des principaux marchés sont tout bleus depuis des mois. L’horizon donné par le constructeur par ses multiples conférences de feu contribue également à installer la confiance chez les acheteurs : la profusion de jeux et d’exclusivités est tellement énorme que tout le monde est sûr de trouver de quoi jouer dans les années à venir. Les jeux japonais semblent eux quasiment réservés à la PS4 et la Vita, tant les développeurs de l’archipel se désintéressent de la 3DS. Il faudra attendre de voir comment ceux-ci réagissent à la NX, mais en l’état, Sony possède quasiment tout. Fait marquant, le Playstation Network seul a généré plus de revenus que Nintendo tout entier. La domination est à ce point…

Tout ceci permet à Sony de multiplier son résultat d’exploitation par 5! Au niveau de la taxation, la firme voit enfin le bout du tunnel, car son bénéfice lui permet d’enregistrer des réversions sur les dépréciations liés aux impôts différés et, cerise sur le gâteau, reçoit des abattements fiscaux directs. La bonne étoile du constructeur semble bien ancrée dans le ciel.

Fate Tamamo

L’E3 de Sony commence en réalité bien avant l’ouverture du salon. Dès les premiers jours de juin, une frénésie révélatrice s’empare du monde du jeu vidéo qui balance tout tout de suite! Horizon Zero Dawn est daté, Dragon Quest Builders, World of Final Fantasy et Kindgom Hearts 2.8 aussi, Gran Turismo Sport est remontré, Persona 5 précise son arrivée aux USA, Final Fantasy XII HD se révèle enfin au grand jour, Akiba’s Beat est annoncé (y compris mondialement), Fate Extella et SummonNight 6 sont localisés, Tokyo Xanadu rassure l’occident par sa version PS4. Le producteur de TitanFall 2, avant de présenter son jeu, souhaite la bienvenue aux joueurs Playstation. Les bornes du FPS futuriste de EA seront d’ailleurs toutes des PS4. Le japonais n’en demandait pas tant… Clou de «l’avant spectacle», la PS4 Neo est confirmée mais plaque le salon! Que reste-il pour la conférence? Y aura-t-il encore plus fort? La confusion et le suspense donnent le tournis, mais Playstation a déjà gagné la première manche avec la méthode habituelle : le rouleau compresseur de jeux.

Avant de répondre à la question posée ci-dessus, il faut considérer l’après. En effet, une fois les portes du salon ouvertes, en milieu de journée du mardi 14, d’autres éditeurs dégainent leurs bande-annonces en ordre dispersé, sans aucune mise en valeur. NieR Automata sort timidement avec un peu plus d’une minute sans gros scoop, les vrai détails étant reservés au Famitsu à sortir 2 jours plus tard. Tales of Berseria rappelle aussi qu’il arrive bien chez nous et Sword Art Online Hollow Realization admet son impossibilité à être localisé dès cette année. Attack on Titan, Ni-Ô et Dragon Ball Xenoverse 2 s’invitent également en cours d’après-midi. Le jour suivant, ce sont Akiba’s Beat, Trails of Cold Steel II, Persona 5 et Yakuza 0 qui se remontrent. La puissance par la richesse du line-up est bien là, sur le salon, mais vous commencez à deviner le problème qui se pose.

TLG ca1

Avec beaucoup d’avant et beaucoup d’après, il ne reste quasiment rien pour la conférence, courte et désespérément monocorde. En se braquant sur une poignée de jeux occidentaux (God of War, Days Gone, Spiderman, etc.), Sony casse l’union sacrée qui faisait sa force l’an dernier à toutes les latitudes et donne l’impression qu’il ne veut plus fédérer. The Last Guardian n’a que 3 minutes de trailer brouillon et Gravity Daze 2 ne sera même pas abordé (il l’avait été à Paris fin octobre 2015), la bande-annonce étant jetée comme un os à ronger sur la chaîne Playstation une fois le rideau tombé. Dans le même temps, on couvre de façon extensive Skylanders et Lego Star Wars Episode 7. Une conférence où l’on aborde plus volontiers Skylanders que Gravity Daze 2 est un FOUTAGE DE GUEULE! Le 4 the players et devenu 4 the masses, une vision réductrice du jeu vidéo qui ne prend en compte que le plus petit dénominateur commun, au détriment de l’originalité. On ne prend surtout pas de risque! Il faut que l’argent rentre, l’art et la diversité se débrouilleront pour survivre, comme d’habitude… On note l’absence des indés, d’ailleurs. Cette conférence aurait absolument dû contenir Persona 5 et NieR Automata, pour tout simplement équilibrer son discours et permettre à son hôte se présenter en vrai leader mondial, ce qu’il n’était pas ce soir-là. Microsoft a invité Platinum Games, SquareEnix et BandaiNamco sur scène, Sony s’en fiche et ne répond pas. Le constructeur japonais s’entête à voir local dans le plus grand salon international de la planète. Faute grave, il vient de diviser au moment où il faut absolument réunir.

Le Playstation VR, maladroitement mis en valeur par des features qui semblent anecdotiques, ne fait guère mieux. Batman VR, Star Wars X-Wing VR, une partie FPS débile de FFXV basée sur le personnage de Prompto (le dernier qu’on voudrait incarner) sont annoncés sans précisions. Eagle Flight et Star Trek VR d’Ubisoft sont clairement pourris, donc à ce moment on ne donne pas cher de la réalité virtuelle.

RE7

Jusqu’à cet instant. Resident Evil 7 est annoncé par un trailer effrayant : la série de Capcom revient enfin à ses racines. La peur est de retour et l’action sortie par la fenêtre, pour le plus grand bonheur des fans de la première heure. Plus fou encore, le jeu à sortir le 24 janvier 2017 sera 100% compatible Playstation VR. C’est la killer-app que l’engin attendait. Car cerise sur le gâteau, une démo est déposée sur le PSN très vite après la conférence. Ca fout gravement les jetons sur un écran normal, l’ambiance est oppressante à souhait, alors imaginez seulement en réalité virtuelle! La démo, bien que courte, est profonde et complexe avec plusieurs fins et tous plein de détails plus ou moins secrets à trouver. Le phénomène est assez suivi sur internet et le PSVR tient donc là un tremplin solide.

Miku FL

Au Japon, famitsu fait état d’une compatibilité rapide de Project Diva X conjointement à l’arrivée de Hatsune Miku VR Future Live : les deux titres permettent de visionner des concerts de la chanteuse virtuelle comme si on y était, voire avec davantage encore d’intimité. Summer Lesson, le jeu bizarroïde de Harada-san qui vous met en relation avec une jolie jeune femme, obtient lui aussi (assez miraculeusement) un visa de mise sur le marché au lancement. Bien entendu, ces derniers détails sont complètement hors-E3, les frontières culturelles ayant été bien fermées par SCEA. Mais au moins, le PSVR apparaît un peu mieux armé pour démarrer ne serait-ce que correctement sur l’archipel également.

Bref, un E3 fort pour Playstation, mais pas tellement pour Sony qui divise, voire exclut, pour (pense-t-il) mieux régner. Alors qu’il est dans une forme financière qu’il n’a plus eu depuis des années, le constructeur choisit la prudence et délègue aux éditeurs et à la communauté le soin de gérer son empire. La famille Playstation domine largement le calendrier des sorties et l’éventail des genres, mais doit maintenant prospérer dans un état de black-out dont il sera intéressant de voir l’évolution. On surveillera le baromètre Playstation France dans les mois qui viennent pour voir si Sony a vraiment décidé de lâcher la périphérie.

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